Sucre et cancers

Sucre et cancers

Les informations circulant sur le sucre et le cancer sont souvent présentées sous un angle angoissant ou culpabilisant pour le consommateur. "Le cancer aime le sucre" est un concept des années 1920 qui revient aujourd'hui souvent à la "Une", mais de manière largement détournée. Explications sur les vraies relations entre sucre et cancers.

Sucre et cancers

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Mise à jour : 15 février 2021

Plus qu’un aliment ou une alimentation riche en sucres, c’est le surpoids et l’obésité qui sont mentionnés aujourd’hui comme facteur de risque pour certains cancers. S’il est vrai que les cellules tumorales ne réagissent pas de la même manière que les cellules saines avec le glucose, il s’agit en réalité d’un des effets du cancer et non de sa cause fondamentale.

Prévention des cancers et alimentation

Depuis plusieurs années, le rôle de l’alimentation fait l’objet de nombreux travaux de recherche. Les scientifiques explorent autant les origines que les modes de prévention vis-à-vis de l’apparition de lésions cancéreuses. Le nombre de facteurs alimentaires en cause rend difficile l’élaboration de conclusions tranchées.

Cancer Facteurs de risques

Infographie complète « Sucre et cancer » à télécharger ci-dessous.

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L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié en 2011 une expertise collective sur Nutrition et cancer [1]. Le rapport indique 8 facteurs nutritionnels qui augmentent le risque de certains cancers (alcool, charcuteries, excès de poids…), mais pas de mention spécifique des aliments sucrés.

Selon l’ANSES, l’excès de poids serait associé au risque de certains cancers car il provoque des dérégulations métaboliques et des perturbations hormonales. Pour la prévention, l’agence recommande la diversité alimentaire (éviter l’alcool, plus de fruits et légumes, pas trop de produits gras/sucrés…) et la pratique d’une activité physique.
 

En 2015, l’Institut National du Cancer, INCa, a actualisé les données disponibles nutrition et cancer [2], proposant 10 facteurs nutritionnels qui augmentent ou diminuent le risque de cancers ; le sucre et les produits sucrés n’y figurent pas.  

Focus sur le sucre

Une étude [3] portant sur plus de 400 000 personnes suivies sur 7 ans a montré qu’au global, il n’y avait pas de lien entre consommation de sucres et les principaux cancers (dont colorectal, sein, cerveau, prostate).  Cependant, la consommation de sucres semble être associée à une augmentation du risque de certains cancers moins fréquents (plèvre, œsophage, vessie), et même à une diminution pour d’autres (poumons, sphère orale, ovaires). Les résultats peuvent varier selon le type de sucres étudiés (sucres totaux, sucres ajoutés, fructose…) et le sexe (homme / femme).

Une étude Française [4] portant sur les données de la cohorte Nutinet Santé, incluant plus de 100 000 adultes volontaires, s’est intéressée spécifiquement au lien entre cancers et consommation de sucres.
L’étude a montré qu’une consommation (très) élevée de sucres augmentait le risque de cancers du sein par rapport à une plus faible consommation. Il n’y avait pas d’association avec les autres types cancers, ni avec les sucres naturellement présents dans les fruits. Ces résultats doivent être confirmés avec d’autres études menées sur un échantillon représentatif de la population.

Plus qu’un aliment ou une alimentation riche en sucres, c’est le surpoids et l’obésité qui sont mentionnés comme facteurs de risque.

Régime thérapeutique et cancer

Depuis quelques années s’est développée l’idée qu’un jeûne, une restriction calorique ou l’éviction d’un nutriment (comme le glucose) pourraient être efficaces pour lutter contre le cancer, renforcer l’efficacité du traitement ou encore limiter les effets secondaires de ce dernier.

La Société Européen de Nutrition Clinique et Métabolique (EPSEN) a émis en 2017 des recommandations en nutrition pour les personnes atteintes de cancer [5]. Le groupe de travail ne recommande pas ce type de régime restrictif ou de jeûne. Les risques majeurs sont la dénutrition du patient avec un apport insuffisant en calories et nutriments (protéines, lipides, glucides, vitamines, minéraux), la perte de poids et de masse musculaire. Ces effets peuvent eux-mêmes avoir des conséquences négatives sur la réussite du traitement et la santé du patient.

Sources
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