Vers des actions de santé publique adaptées aux disparités géographiques

Vers des actions de santé publique adaptées aux disparités géographiques

Consommation et recommandations

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Utiliser les fréquences de consommation de soda et de salade comme indicateurs de qualité de l’alimentation, les modéliser par quartier et visualiser le gradient socio-économique du Comté de King à Seattle à l’aide d’une analyse géolocalisée, telle est l’approche innovante mise en œuvre par des chercheurs de l’Ecole de santé publique de Washington.

Trois indicateurs socio-économiques évalués 

Les chercheurs ont tout d’abord recueilli, à l’aide d’enquêtes téléphoniques, les informations socio-économiques de 1 099 participants issus de l’étude de Seattle sur l’obésité, en se basant sur l’adresse de leur domicile, et noté leurs fréquences de consommation de soda et de salade par semaine.

Avec ces données, ils ont attribué des scores d’alimentation saine (Healthy Eating Index-HEI). Ils ont ensuite géolocalisé les données alimentaires des participants et les ont liées à la valeur de leurs biens résidentiels, estimée grâce à l’évaluateur fiscal du Comté.

Par régression linéaire multivariable, ils ont alors examiné les gradients socio-économiques associés aux fréquences de consommation de soda et de salade selon trois indicateurs – revenu du ménage (modèle 1), niveau d’éducation (modèle 2), valeur de leur résidence (modèles 3 et 4) – et les ont ajustés en fonction de l’âge, du sexe ou de l’origine ethnique des participants.

Des consommations davantage liées aux valeurs des résidences qu’aux revenus ou à l’éducation

Parmi les trois indicateurs socio-économiques utilisés, la valeur de la résidence était révélatrice du plus fort gradient de consommation de soda et de salade. En effet, dans les modèles 1 et 2, ajustés en fonction des données démographiques, l’éducation et le revenu n’étaient pas significativement associés à la consommation de soda.

En revanche, dans le modèle 3, les niveaux les plus élevés de valeur de résidence étaient liés à une baisse de consommation de soda. Et, dans le modèle 4, ajusté à la démographie et au niveau d’éducation, la consommation de soda a pu être évaluée à 1,17 fois moindre (IC95 % = [-2,05-0,45]) entre les répondants des quintiles résidentiels les plus riches et les plus pauvres.

Les niveaux plus élevés de valeur de résidence étaient également associés à une fréquence de consommation accrue de salade, le quintile des plus « riches propriétaires » consommant de la salade « un peu plus d’une fois de plus par semaine » par rapport au quintile des plus « pauvres » (1,14, IC95 % = [0,62, 1,65]).

Des disparités géographiques

À partir du modèle 4, les auteurs ont construit des distributions modélisées des fréquences de consommation de soda et de salade par quartier.

Des différences nettes sont alors apparues : les zones à forte valeur résidentielle étant associées à des consommations accrues de salade et réduites de soda, tandis que les zones avec des valeurs de propriété plus faibles montraient des résultats inverses.

Les consommations de soda et de salade révélatrices de la qualité de l’alimentation

Enfin, l’analyse secondaire des fréquences de consommation de soda et de salade par rapport aux scores de l’index HEI 2010 a montré que la consommation de salade était positivement associée à une consommation plus élevée de fruits et légumes, tandis que la relation inverse a été mise en évidence pour la consommation de soda.

Les auteurs concluent que cette modélisation des habitudes de consommation alimentaire par quartier pouvait avoir un intérêt dans le cadre d’interventions de santé publique ciblées.

Les brèves du sucre - Rubrique Nutrition - Numéro 75

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A retenir
  • Les fréquences de consommation de salade et de soda suivent des gradients socio-économiques opposés dans le comté de Seattle étudié.

  • Dans cette étude américaine, la valeur des résidences illustrait les disparités géographiques de la consommation de soda et de salade.

  • Elle semble constituer un meilleur indicateur socio-économique pour le suivi des déterminants de santé que le revenu et l’éducation traditionnellement utilisés.

  • La cartographie des disparités de consommation alimentaire par quartier peut constituer un outil utile pour concevoir des interventions de santé publique ciblées.

Sources
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