Sucres et caries : quoi de neuf depuis les derniers travaux de l’OMS ?

Sucres et caries :
quoi de neuf depuis les derniers travaux de l’OMS ?

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Mai 2022

Les recommandations de l’OMS de 2015 sur les sucres libres (sucres ajoutés + sucres des jus de fruit) reposent en grande partie sur une revue systématique des études parues entre 1950 et 2011 sur le risque de carie. Alors que cette revue concluait à des niveaux de preuve modérés (pour le seuil de 10 % de l’apport énergétique total, AET) ou très faibles (pour le seuil de < 5 % de l’AET) et à la nécessité d’études complémentaires, qu’ont apporté dix années de publications complémentaires sur le sujet ?

 

Des données qui confortent les conclusions de 2011

Pour le savoir, des chercheurs australiens ont recherché, dans sept bases de données, les études sur les liens entre apports en sucres (totaux, libres ou ajoutés, saccharose…) et le risque de carie, et ce, entre 2011 et 2020. Ils ont ainsi identifié 23 nouvelles études (venant s’ajouter aux 55 études précédemment recensées), parmi lesquelles 17 concluent à une association positive entres apports en sucres et caries.

Parmi les études s’étant intéressées aux effets du niveau de consommation de sucres, dix études sur onze (quatre chez l’adulte et six chez l’enfant) confirment le risque accru de carie en cas d’apports en sucres (essentiellement sucres libres) supérieurs à 10 % de l’AET, entérinant la recommandation de l’OMS sur ce seuil. Ce risque est observé même en cas d’exposition au fluor (eau, dentifrice) ; toutefois celui-ci atténue parfois la relation. Le niveau de preuve associé, établi à partir des études de cohorte (huit en tout) cohérentes entre elles et ne présentant pas de risque de biais majeur[1], reste modéré.

Quant au seuil de 5 % de l’AET – qui reposait jusqu’à présent sur des études d’observation menées pendant la seconde guerre mondiale[2] – cinq études (dont quatre réalisées chez l’enfant) s’y sont penchées depuis 2011. À partir de ces nouvelles données, quatre études sur les cinq concluent à un risque de carie augmenté en cas d’apports en sucres (libres ou totaux) au-delà de ce seuil. Deux d’entre elles étant des études de cohorte de qualité, le niveau de preuve devient faible – versus très faible précédemment – pour cette recommandation.

Plus de rigueur méthodologique pour les futures études

Bien que les publications des dix dernières années corroborent, voire renforcent les recommandations de l’OMS, les auteurs regrettent qu’elles n’aient pas permis de fournir les données manquantes appelées dans la revue de 2011 : aucune étude d’intervention n’a été réalisée et les études chez l’adulte restent peu nombreuses. De plus, plusieurs centaines d’études initialement recensées ont dû être écartées faute d’une mesure suffisamment claire des apports en sucres.
Enfin, les auteurs déplorent l’hétérogénéité des types de sucres considérés dans les études, certaines considérant les sucres libres, d’autres les sucres totaux, les sucres ajoutés, voire certains sucres spécifiques comme le saccharose ; alors que la recommandation de l’OMS ne porte que sur les sucres libres.

 

[1] Evaluation selon le système GRADE.

[2] Voir Communiqué Presse 2015, L’OMS appelle les pays à réduire l’apport en sucres chez l’adulte et l’enfant

A retenir
  • Les études publiées au cours des dix dernières années étayent dans leur grande majorité la relation entre la consommation de sucres et les caries.

  • Elles permettent de confirmer la recommandation de l’OMS préconisant des apports en sucres libres inférieurs à 10 % de l’apport énergétique total, associé à un niveau de preuve modéré ; et de faire évoluer le seuil de 5 % vers un niveau de preuve faible (versus très faible précédemment)

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