Orthorexie « nervosa » : Retour d’expérience pluridisciplinaire

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« nervosa » : Retour d’expérience

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L’orthorexie nervosa, ou orthorexie, est un trouble du comportement alimentaire (TCA) récemment découvert, sans définition ni critères de diagnostic encore clairs. Une étude a tenté d’en identifier les déterminants psycho-sociaux, les facteurs de risques, les évènements déclenchants, ses manifestations, ainsi que les diagnostics et traitements proposés, à partir du retour d’expérience de nutritionnistes, psychologues, psychothérapeutes, pédiatres, infirmières, et autres spécialistes de la prise en charge des troubles du comportement alimentaire.      

Une centaine de professionnels de santé interrogés

Une centaine de professionnels des Pays-Bas ont répondu à une enquête en ligne et 10 professionnels ont été interrogés en face à face sur leur expérience de prise en charge de patients orthorexiques ou de troubles approchants. Plusieurs éléments évoqués dans les entretiens sont confirmés par les données de l’enquête en ligne.

Un contexte et un profil à risque

Le contexte familial, et notamment une préoccupation excessive des parents pour la santé ou au contraire des habitudes familiales déséquilibrées, ainsi que la pression des médias et réseaux sociaux à bien manger, sont souvent cités comme favorisant l’apparition de ce trouble.

Un profil spécifique se dessine. Il s’agit de jeunes (16-35 ans), souvent des femmes ayant fait des études, actives, avec une personnalité ambitieuse voire perfectionniste ou qui accordent beaucoup d’importance à leur travail ou à leurs études. L’enquête en ligne ajoute à ces éléments une faible confiance en soi et un poids normal voire faible.

Des déclencheurs probables

Les évènements déclencheurs étaient en revanche difficiles à identifier par les professionnels interviewés. Il pouvait s’agir d’une rupture, de problèmes familiaux, de changements liés à la puberté, de la recherche d’une alimentation plus végétale ou adaptée à la suite d’une injonction médicale, et dans une moindre mesure d’une dépression, d’autisme ou de troubles mentaux.

Des symptômes physiques et psychologiques

Les professionnels étaient aussi interrogés sur ce qui caractérisait une alimentation orthorexique : ils évoquaient alors une faible consommation alimentaire, une alimentation pauvre en graisses et en sucres, végétarienne / végétalienne ou sans gluten ainsi qu’une forte préoccupation pour la nourriture. Parmi les symptômes physiques, une perte de poids (parfois sévère) accompagnée de carences nutritionnelles, de vertiges, et de fatigue étaient mentionnés ainsi qu’une hyperactivité physique. Concernant l’état psychologique des patients considérés comme orthorexiques, de l’anxiété (notamment au sujet des aliments) et des signes de dépression étaient notés chez la moitié des femmes. La vie sociale des patients était aussi impactée : les dîners entre amis étaient évités par crainte de ne pouvoir contrôler le menu et par manque de temps libre (surinvesti dans le sport et l’alimentation).

Un diagnostic difficile et une prise en charge comportementale

Enfin, les professionnels déclaraient avoir des difficultés à diagnostiquer précisément ce trouble et l’identifiaient plutôt à un trouble obsessionnel compulsif.

Les traitements proposés étaient la plupart du temps une thérapie cognitivo-comportementale, une thérapie d’exposition, des thérapies de groupe ou une éducation alimentaire avec un nutritionniste. L’objectif pour les professionnels de santé était alors de restaurer le poids des sujets et de réduire leurs obsessions alimentaires. La réussite de ces traitements, difficile à évaluer, semblait être associée à la motivation des patients et au soutien de leurs proches.

A retenir
  • L’orthorexie est un trouble du comportement alimentaire récemment découvert, sans définition ni critères de diagnostic encore clairs, qui demande une prise en charge multidisciplinaire.

  • Elle concerne plus particulièrement les jeunes femmes, de faible poids corporel, et se caractérise par une faible consommation alimentaire, une forte préoccupation pour la nourriture et est souvent associée à une hyperactivité physique ;

  • Parmi les symptômes physiques et psychologiques associés, on peut citer une perte de poids, une fatigue, une anxiété et des signes de dépression.

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