Lutte contre l’obésité infantile : une analyse des politiques européennes

Lutte contre l’obésité infantile : une analyse des politiques européennes

Partager l'article :

Décembre 2021

Faire le point sur les politiques européennes en matière d’obésité infantile : tel était l’objectif de cette revue réalisée à l’initiative du bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  La région Europe* – et tout particulièrement les pays du Sud de l’Europe –, étant la région la plus touchée par l’obésité et le surpoids infantiles parmi les six régions mondiales telles que définies par l’OMS (les cinq autres étant l’Afrique, les Amériques, l’Asie du Sud-Est, la Méditerranée orientale et le Pacifique occidental).

* La région « Europe » telle que définie par l’OMS inclut des pays situés en Asie centrale et de l’Ouest (Russie, Kazakhstan..) et au Moyen Orient (Turquie, Israël…).

Six domaines d’action des politiques luttant contre l’obésité infantile

Pour cela, les auteurs se sont notamment appuyés sur plusieurs bases de données mondiales recensant les politiques et actions publiques en matière de santé et de nutrition. Les politiques ainsi identifiées ont ensuite été réparties dans les 6 domaines d’actions recommandés en 2014 par la Commission  ECHO (pour Ending Childhood Obesity) de l’OMS pour lutter contre l’obésité infantile (Encadré).

1. Actions en faveur d’une alimentation saine

2. Action en faveur de l’activité physique

3. Action ciblant la période pré-conceptuelle et la grossesse

4. Actions ciblant la période de la petite enfance

5. Actions dans le cadre scolaire

6. Action de surveillance et de gestion du poids

Mesures ciblées versus politiques intégrées

Sur les 53 pays composant la région Europe, 32 pays ont mis en place une stratégie nationale de santé ou de lutte contre l’obésité. La très grande majorité des pays (49 pays) a partagé au moins un document d’action nationale lié à l’obésité dans les bases de données. Les politiques relevant des deux premiers domaines d’actions se révèlent les plus nombreuses et sont souvent rapportées par les pays, tandis que les actions relevant des domaines 3 à 6 sont plus rarement évoquées. La disparité est de mise entre d’une part les pays d’Europe de l’Est, et d’Asie centrale et de l’Ouest d’une part qui se consacrent essentiellement à des mesures ciblées (ex : encadrement du marketing alimentaire…), et d’autre part d’Europe centrale et de l’Ouest qui rapportent des politiques plus intégrées ciblant à la fois l’alimentation et l’activité physique, et combinées à des mesures spécifiques sur certains aliments.   

Or, comme en atteste le programme de surveillance de l’obésité infantile de l’OMS (COSI, pour Childhood Obesity Surveillance Initiative), la mise en place d’une stratégie large et complète semble être une caractéristique partagée par les pays qui voient leur taux d’obésité infantile s’infléchir (Italie, Irlande, Slovénie, Espagne, Portugal notamment). Un autre prérequis au succès des politiques publiques : la dotation de fonds suffisants et réguliers sur le long terme.

Vers des politiques ciblant l’environnement

Les auteurs notent que la grande diversité des contextes culturels et socio-économiques caractérisant les pays de la zone Europe est à même d’influencer les évolutions des prévalences du surpoids et de l’obésité : mode de vie davantage tourné vers les activités extérieures (augmentant l’activité physique) et allaitement plus répandu en Europe du Nord ; perdition/recul de la diète méditerranéenne dans les pays du Sud…

Enfin, compte tenu de la complexité des mécanismes à l’œuvre dans l’étiologie de l’obésité infantile,  les auteurs soulignent la nécessité d’approches multifacettes reposant moins sur la responsabilité des individus que sur leur environnement.  

Quelques exemples de politiques de lutte contre l’obésité infantile dans la région Europe de l’OMS

1. Actions en faveur d’une alimentation saine

Taxes sur les boissons sucrées ou sur les aliments emballés en fonction des teneurs en sucre et en sel

– Partenariat entre l’industrie agro-alimentaire et les autorités de santé pour des reformulations nutritionnelles

Restriction du marketing alimentaire, notamment pendant les programmes télévisés à destination des enfants

Etiquetage nutritionnel

2. Actions en faveur de l’activité physique

– Amélioration, renouvellement, construction d’infrastructures sportives

– Campagnes d’informations sur les bénéfices de l’activité physique

– Campagnes en faveur de transports actifs, en particulier dans le cadre scolaire

3. Actions ciblant la période pré-conceptuelle et la grossesse

Sensibilisation des futurs parents à l’importance du statut nutritionnel et du poids de la mère avant et pendant la grossesse

4. Actions ciblant la période de la petite enfance

– Programmes nationaux pour promouvoir et soutenir l’allaitement maternel

5. Actions dans le cadre scolaire

– Programmes d’éducation alimentaire dans les écoles

– Accès à de l’eau potable dans les établissements scolaires

6. Actions de surveillance et de gestion du poids

– Programmes de surveillance du poids, de détection et de prise en charge précoce du surpoids

A retenir
  • La quasi-totalité des pays européens rapportent une ou plusieurs actions de lutte contre ce fléau de santé publique ;

  • Il existe une grande disparité quant aux types d’actions et à l’étendue des politiques adoptées selon les pays considérés ; L’analyse de ces politiques plaide en faveur d’une stratégie globale, intégrant des actions ciblant à la fois l’alimentation, l’activité physique, la nutrition infantile (ex : allaitement), le cadre scolaire et le suivi des enfants en surpoids.

Sources
Sur le même thème