L’obésité est-elle associée à une altération de l’odorat, et vice-versa ?

L’obésité est-elle associée à une altération de l’odorat, et vice-versa ?

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Mai 2022

L’odorat joue un rôle essentiel dans les choix alimentaires ainsi que leurs moments de consommation. Quelle peut être sa part de responsabilité dans l’étiologie de l’obésité ? C’est ce que des scientifiques ont cherché à comprendre dans une étude comparant les performances olfactives de sujets en surpoids ou obèses à celle de sujets de poids normal.

Trois paramètres d’olfaction testés

Les chercheurs ont testé l’olfaction chez 70 patients en surpoids ou obèses d’un centre de traitement de l’obésité (Italie) et chez 65 sujets témoins de poids normal et de la même tranche d’âge. Pour cela, ils ont utilisé le test « Sniffin’Sticks » (stylos feutres dont la pointe est imprégnée de liquide odorant), qui consiste à évaluer trois paramètres :

  • le seuil de détection : la quantité minimale à laquelle l’odeur est perçue
  • la discrimination : le fait de différencier une odeur d’une autre
  • l’identification des odeurs : le fait de reconnaitre et de nommer l’odeur.

Une fonction olfactive globale moins performante chez les sujets en surpoids ou obèses

L’évaluation de la fonction olfactive globale (établie à partir des trois paramètres olfactifs mesurés) indiquait que les sujets de poids normal étaient plus nombreux (66 %) à être classés « normosmiques » (fonction olfactive normale) que les sujets en surpoids ou obèses (40 %). Chez ces derniers, le score de fonction olfactive globale était ainsi abaissé par rapport aux sujets de poids normal (Figure 1).

Figure 1 : Score moyen de fonction olfactive globale (TDI) chez les sujets de poids normal (HC, n = 65) et les sujets en surpoids ou obèses (OC, n = 70). * indique une différence significative (p < 0,001)

La discrimination et l’identification des odeurs en cause

L’analyse séparée des trois paramètres révélait que les scores de discrimination et d’identification des odeurs étaient abaissés chez plus de 33 % des sujets en surpoids ou obèses (hyposmiques) contre moins de 5 % des sujets de poids normal. Les sujets obèses présentaient d’ailleurs les scores les plus bas comparés à ceux des sujets en surpoids et à ceux des sujets de poids normal. Le seuil de détection ne différait quant à lui pas entre les deux groupes (Figure 2).

Figure 2 : Scores de détection (T), discrimination (D), identification (I) olfactives déterminées chez les sujets de poids normal (HC, n = 65) et en surpoids ou obèses (OC, n = 70). * indique une différence significative (p < 0,001)

Une relation inverse entre le score olfactif et l’IMC

Enfin, la comparaison des patients normosmiques et hyposmiques confirmait l’existence d’une relation inverse entre les capacités olfactives et l’indice de masse corporelle (IMC), avec un IMC plus bas chez les patients normosmiques.

Bien que ces résultats d’observation ne permettent pas de conclure à une relation de causalité, les chercheurs supposent que les niveaux circulants de leptine et d’insuline augmentés et de ghréline diminués chez les sujets obèses pourraient être à l’origine d’une altération du traitement de l’information olfactive et donc d’une diminution de la sensibilité olfactive. Celle-ci pourrait générer un retard de l’atteinte de la satiété et une consommation excessive d’aliments appétents et riches en énergie.

A retenir
  • La fonction olfactive est réduite chez les sujets en surpoids et obèses, et en particulier les fonctions de discrimination et d’identification des odeurs ;

  • Mais le sens de la relation entre le dysfonctionnement olfactif et l’obésité (cause ou conséquence) reste à déterminer.

Sources
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