Déficit olfactif en France : un trouble plus fréquent qu’on ne le croit

Déficit olfactif en France :
un trouble plus fréquent qu’on ne le croit

deficit-olfactif

Partager l'article :

Juin 2021

Accidents domestiques, problèmes d’hygiène, difficultés sociales, symptômes dépressifs, troubles alimentaires… un déficit olfactif est largement à même d’affecter la qualité de vie. Si la proportion d’individus concernés semble progresser avec l’âge – on parle parfois de « presbyosmie » par analogie avec la presbytie et la presbyacousie – combien d’individus sont-ils réellement concernés par ce type de trouble ? 

Jusqu’à 17 % d’individus atteints de déficit olfactif

Des chercheurs ont entrepris de mesurer la prévalence d’individus touchés à partir d’un échantillon réunissant 3 685 Français âgés de 4 à 89 ans. Si, lorsqu’on les interroge, 6 % des individus (tous âges confondus) estiment avoir un odorat défaillant, ce pourcentage atteint en réalité 17 % avec une méthode complète de test sensoriel comportant 8 odeurs à reconnaître (menthe, herbe, sueur, banane, anis, pin, fleur, gaz) et 5 dimensions olfactives à qualifier (intensité, familiarité et caractères plaisant, comestible et irritant). D’après les calculs des chercheurs, 16 % des individus qui pensaient leur odorat normal ont en réalité un déficit. Se cantonner à demander aux sujets de qualifier leur odorat se révèle donc insuffisant et conduit à un sous-diagnostic. D’autant que 70 % des personnes qui avaient déclaré un déficit olfactif n’en ont pas d’après les tests sensoriels réalisés. Par ailleurs, 1,2 % des individus présentaient un trouble spécifique de l’odorat, une parosmie (perception erronée d’une odeur).

Un trouble qui progresse avec l’âge

Les chercheurs ont ensuite étudié l’évolution des prévalences de déficit olfactif au cours de la vie. Sans surprise (et vraisemblablement sous l’effet de divers facteurs comme la perte de neurones olfactifs, la réduction des sécrétions de mucus…), elles augmentent avec l’âge, passant de 10 % environ chez les 4-12 ans à 13 % chez les 18-35 ans, et atteignant 31 % chez les 60-89 ans (voir figure 1). À partir de l’adolescence, les déficits olfactifs semblent aussi toucher davantage les hommes (bien que les différences ne soient pas significatives pour toutes les tranches d’âge). 

deficit-olfactif-age
Figure 1 : Prévalence des déficits olfactifs mesurés dans les différentes catégories d’âge

Des profils alimentaires corrélés à certains profils olfactifs

Enfin, après un regroupement statistique par ACP (analyse en composantes principales), les chercheurs ont voulu mettre en relation les variables caractérisant le mieux les perceptions olfactives des sujets (formant ce qu’ils nomment « l’espace olfactif ») avec les variables caractérisant le mieux leur comportement alimentaire (formant « l’espace alimentaire »). Des corrélations sont alors observées à partir de l’adolescence : en particulier, les individus plus enclins à goûter de nouveaux aliments, mangeant plus de légumes et prenant davantage de plaisir à manger étaient aussi plus doués pour reconnaître les odeurs testées et leur conféraient en général un caractère plus familier, plaisant, intense, ou comestible. S’il semble donc exister des relations entre perceptions olfactives et comportements alimentaires, aucune association significative n’était toutefois observée entre la présence d’un déficit olfactif avéré et les profils alimentaires des sujets.

Les auteurs concluent à la prévalence élevée des déficits olfactifs dans la population générale et attirent l’attention des services de santé sur les conséquences possibles de tels troubles sur le comportement alimentaire, l’état nutritionnel et la santé, en particulier chez les personnes âgées.

A retenir
  • Bien que non représentative de la population française dans son ensemble, cette étude regroupant plusieurs milliers d’individus permet de préciser la prévalence des déficits olfactifs à travers les âges.

  • D’après des tests d’évaluation sensorielle, 17 % des individus en moyenne présenteraient un déficit olfactif, souvent sans le savoir. Cette prévalence augmente avec l’âge, atteignant 31 % chez les plus de 60 ans.

  • Compte tenu des liens entre perceptions olfactives et alimentation, les troubles olfactifs devraient être plus largement diagnostiqués et pris en charge, chez les personnes âgées notamment pour préserver leur état nutritionnel et leur qualité de vie.

Sur le même thème