Allégations nutritionnelles : utiles ou contreproductives ?

Allégations nutritionnelles : utiles ou contreproductives ?

Consommation et recommandations

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L’information nutritionnelle sur les emballages des produits alimentaires fait partie des mesures de prévention du surpoids et de l’obésité. L’objectif est d’aider le consommateur à faire des choix plus éclairés. Toutefois, le rôle spécifique des allégations nutritionnelles (riche en…/pauvre en…, etc.) a été très peu étudié. Comment ces allégations influencent-elles les achats des consommateurs et leurs consommations ? C’est à cette question qu’une revue de la littérature a tenté de répondre.

Les allégations sur les graisses, sucres et calories passées à la loupe

Pour réaliser cette revue, toutes les études portant sur l’impact des allégations nutritionnelles relatives aux graisses, sucres et calories, sur les choix alimentaires et les consommations des individus ont été recensées. Seules onze études répondaient aux critères de sélection[1] imposés par les auteurs : cinq provenaient des Etats-Unis, une d’Australie et cinq d’Europe (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas).

 

Des allégations qui troublent les perceptions et les intentions

L’analyse de ces études révèle que les allégations nutritionnelles influencent les repères des consommateurs et leurs perceptions des aliments.

La promesse d’un produit « meilleur pour la santé » mais moins savoureux

La présence d’allégations quant aux teneurs réduites en graisses ou en sucres sur l’emballage conduit les consommateurs à penser que ces produits sont meilleurs pour la santé, comme le rapportent trois études sur des barres chocolatées, des confiseries chocolatées et des yaourts avec ces allégations. Toutefois, ces produits sont aussi perçus comme moins agréables au goût selon deux études testant du chocolat au lait et des chips, tous deux « pauvres en graisses ».

Des calories sous-évaluées et des portions surestimées

Deux études observent par ailleurs que la présence d’une allégation « pauvre en graisses » incite les consommateurs à sous-estimer jusqu’à près de la moitié le contenu en calories du produit et à surestimer de 25 à 71 % la taille de la portion pouvant être consommée.

Un motif d’achat

Trois études portant sur les intentions d’achat de différents types de produits (barres de céréales, chips, yaourts…) suggèrent que les consommateurs favorisent les produits porteurs d’allégations de réduction de teneurs en graisses par rapport aux produits sans allégation ; les consommateurs préoccupés par leur santé davantage que les autres. Toutefois, lorsqu’il s’agit de produits « plaisir » comme les chips, la présence d’une allégation de ce type diminue l’intention d’achat.

La « permission » de manger plus

Les données révèlent aussi que les consommateurs considèrent que l’allégation « pauvre en graisses » les « autorise » à consommer de plus grandes quantités d’aliments. Et les mesures des consommations le confirment : 8 g de barres chocolatées et 28 % de confiseries chocolatées supplémentaires sont consommés lorsque ces produits sont étiquetés comme « pauvres en graisses ». Les sujets en surpoids sont plus sensibles à ces allégations que les sujets de poids normal : ils augmentent davantage les portions consommées. Enfin, le sentiment de culpabilité parfois ressenti lors de la consommation est amoindri lorsque ces produits allèguent des teneurs réduites en graisses.

Les chercheurs concluent qu’alors que les allégations nutritionnelles devraient aider les consommateurs à choisir des aliments plus sains, pourtant selon cette revue elles pourraient avoir des effets contre-productifs en les incitant à consommer davantage.

 

[1] Publication entre janvier 2003 et avril 2018, en anglais, portant sur une population adulte, étudiant les effets des allégations nutritionnelles sur la perception du goût, les connaissances en nutrition, les achats et les niveaux de consommation ou le poids corporel.

breves-nutrition-78

Brèves nutrition n°78

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A retenir
  • La présence d’une allégation nutritionnelle relative aux graisses, sucres et calories sur l’emballage influence les croyances et intentions des consommateurs.

  • Les produits allégués « pauvre en graisses/sucres/calories » sont perçus comme plus sains, moins caloriques et leur achat est favorisé.

  • Les portions appropriées sont surestimées, ce qui pourraient conduire à des consommations en plus grande quantité.

Sources

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