Canne à sucre : de la Méditerranée à l’Atlantique

Canne à sucre : de la Méditerranée à l’Atlantique

Canne à sucre : de la Méditerranée à l’Atlantique

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Un tour complet du globe ! Partie d’Océanie, la canne à sucre a traversé l’Inde, la Perse, et le monde méditerranéen avant de franchir l’Atlantique. Pour cela, il faudra attendre la découverte du Nouveau Monde et les expéditions pour qu’elle boucle son parcours en 2500 ans.

Brésil, terre de conquête

Dès le début du XVIe siècle, à partir de Madère, les Portugais acheminent technologies et matériel au Brésil. En 1542, le premier moulin à sucre fonctionne à Pernambouc. Si les Espagnols font de même à Hispaniola (Saint-Domingue), à Cuba, en Jamaïque et à Porto-Rico, ils sont plus préoccupés par les ressources minières du continent américain. Et ne s’intéressent que très peu à l’industrie sucrière.

Cette situation assure au Brésil la place de premier producteur mondial de sucre au XVIIe siècle. Avant que les Petites Antilles, où se sont installés les Français et les Anglais, s’imposent comme la nouvelle puissance sucrière.

Îles françaises, savoir hollandais

À l’origine, les Antilles françaises sont des terres de peuplement, la culture de la canne n’y est nullement envisagée. C’est à partir de 1670 que Colbert décide d’en faire des colonies sucrières. L’utilisation d’esclaves se met alors en place à grande échelle.

Le succès de l’industrie du sucre aux Antilles françaises doit tout aux Hollandais : chassés du Brésil par les Portugais en 1654, ilss’installent à la Martinique et à la Guadeloupe. Ce sont eux qui implantent les techniques, commercialisent la production et assurent le trafic d’esclaves grâce à leur puissante flotte marchande.

Entre 1670 et 1715, la production de sucre va quadrupler. Au XVIIIe siècle, la place des Antilles françaises devient prépondérante, essentiellement grâce à la production de Saint-Domingue : elle égale la totalité de la production des Antilles anglaises.

La richesse du sucre

Dans son Dictionnaire universel du commerce (1ère édition en 1723), Savary des Bruslons assure que « la France gagne des sommes immenses » et que les colonies anglaises « sont usées ».

Il donne la liste des dix sucres différents produits dans les îles françaises : sucre brut ou moscouade, sucre passé ou cassonade grise, sucre terré ou cassonade blanche, sucre raffiné, pilé ou en pain, sucre royal, sucre tapé, sucre candi, sucre de sirop fin, sucre de gros sirop et sucre d’écume, qui est en fait « un élixir de longue vie » : « Les naturels du Brésil, les plus robustes de tous les hommes qui la plupart ont 7 pieds de hauteur vivaient fort longtemps avant que les Européens se fussent introduits dans leur pays.

Ils n’étaient pas plus décrépits à l’âge de 100 ans que les Européens en paraissent à l’âge de soixante ans. Cependant, ils ne vivaient que de maïs, d’oranges et de sucre. »

Au XVIIIe siècle, le sucre et ses douceurs indispensables aux tables européennes deviennent le premier enjeu du commerce mondial et par voie de conséquence une des causes des guerres que vont se livrer Français et Anglais jusqu’en 1815.

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