Sucre, obésité et Covid-19 : quels sont les liens ?

Sucre, obésité et Covid-19 : quels sont les liens ?

Sucre, obésité et Covid-19 : quels sont les liens ?

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28 avril 2020

Dans un article de la revue Marianne, le chroniqueur gastronomique Périco Légasse fait le lien, non sans raison, entre obésité et risque majoré en cas de Covid-19. Mais persuadé d’avoir identifié le coupable, il enchaîne quelques erreurs et raccourcis infondés sur le sucre. Explications.

« Rien de rassurant puisqu’en France l’obésité a triplé en vingt ans. Premier élément ciblé : le sucre »

Les causes de l’obésité sont complexes.

Depuis le début de la crise du coronavirus, l’obésité comme les maladies qui lui sont souvent associées, le diabète et les maladies cardiovasculaires, sont bien des facteurs qui augmentent le risque d’atteinte sévère et de complications en cas d’infection. Mais faire du sucre la cause directe et unique des cas sévères de Covid19 est un (très) gros raccourci !

Première nuance, la prévalence de l’obésité (Indice de masse corporelle > 30) a bien triplé mais c’est à l’échelle mondiale et en l’espace de quatre décennies.

Pour la France, les études montrent une augmentation importante en une quinzaine d’années, en doublant entre la fin des années 1990 et le début des années 2010 [1] . Depuis, l’obésité semble s’être stabilisée avec une proportion d’adultes obèses estimée à 17%, et celle des enfants (6 – 17 ans) à  de 4 % [2].

Deuxième nuance, celle rappelée par l’INSERM dans son dossier sur l’obésité : « Ses causes sont complexes. Elle résulte de l’intrication de plusieurs facteurs − alimentaires, génétiques épigénétiques et environnementaux − impliqués dans le développement et la progression de cette maladie chronique. »

Sucre, obésité et Covid-19 : quels sont les liens ?

Si une consommation de sucre excessive peut augmenter le risque d’obésité via des apports caloriques trop élevés, la relation sucre= obésité (ou plutôt obésité = sucre) établie par Périco Légasse est trop simpliste et ne reflète en rien une réalité multifactorielle et les différences interindividuelles.

Rappelons par ailleurs que si l’obésité a bien doublé ou même triplé sur plusieurs décennies, les consommations de sucre par personne en France sont stables sur la même période.

Autre élément, selon Santé Publique France, les personnes les plus atteintes par le COVID19 sont très majoritairement âgées (l’âge médian des personnes hospitalisées à la mi-avril est de 70 ans) et de sexe masculin (73% des cas graves sont des hommes). Les enquêtes alimentaires montrent clairement que ce sont les groupes de personnes consommant le moins de sucres et de produits sucrés, le plus de fruits et légumes, de fromages et souvent de boissons alcoolisées. Comme démonstration de cause à effet pour le sucre tout particulièrement, on peut trouver mieux…

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