Sucre : pourquoi le plaisir serait-il coupable ?

Sucre : pourquoi le plaisir serait-il coupable ?

Sucre : pourquoi le plaisir serait-il coupable ?

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4 mars 2019

Le moins que l’on puisse dire c’est que le sucre ne laisse pas indifférent. Le sujet est souvent traité avec passion et véhémence, comme celui diffusé au journal télévisé de 20H le 03/03/2019 sur TF1. Un sujet curieusement intitulé « plaisir coupable ».  Et si on en parlait de manière plus dépassionnée ?

« Sucre : l’OMS recommande 5 morceaux par jour, pas plus »

Faux
L’OMS recommande de limiter la consommation en sucres libres
à 10% de nos apports caloriques.

Ce que dit TF1 est faux pour au moins 2 raisons :

l’OMS ne fait pas une recommandation en morceaux de sucre mais en sucres libres, c’est-à-dire l’ensemble des sucres ajoutés aux aliments (le sucre de canne ou de betterave, le miel, les sirops de glucose, le sirop d’agave, le sucre de coco, etc. + les sucres apportés par les jus de fruits).

5 morceaux pèsent 25 g, ce n’est pas la recommandation officielle de l’OMS, qui est de limiter les sucres libres à moins de 10% de nos calories. Cela correspond pour une personne consommant 2000 kcal/j (la moyenne en France) à 50 g de sucres libres.

Pour en savoir plus

« Nous en consommons jusqu’à 15 en une seule journée »

Faux
C’est la grosse (et habituelle) confusion entre les sucres ajoutés et la totalité des sucres apportés par l’alimentation.

15 morceaux équivalent à 75 g/j : nous avons cherché et cette donnée de consommation pourrait correspondre aux apports en sucres (tous les sucres) hors lactose publiée par l’ANSES pour les adultes en France.

Cette consommation de tous les sucres apportés par les aliments (hors lactose) de l’ANSES n’est donc pas comparable à la recommandation d’apports en sucres libres de l’OMS. C’est d’ailleurs bien expliqué sur le site de l’ANSES.

Étiquette : ligne « sucres » : « il faut diviser par 5 » pour obtenir le nombre de morceaux de sucres présents

A Nuancer
La ligne « Glucides dont sucres » donne
le total des sucres naturellement présents ou ajoutés (100 g ou portion).

Nouvelle confusion des becs sucrés de TF1 : cette ligne ne correspond que rarement au seul morceau de sucre.

Exemple : dans un yaourt nature, il y a le lactose du lait qui compte pour 4,8 g dans la ligne « dont sucres ». Est-ce bien utile de le transformer en carrés de sucre ?

Dans le sujet du JT, on reconnait une crème aux œufs. La ligne « dont sucres » va inclure : le lactose, naturellement présent dans le lait, le lactose apporté par la crème, le sucre de canne ou de betterave ajouté, le lactose de la poudre de lait, éventuellement du sucre ou du sirop de glucose apporté via un caramel liquide. En bref, plusieurs sucres bien différents du morceau de sucre de canne ou de betterave.

Rien n’empêche de faire la division mais cela ne signifie souvent pas grand-chose.

« Le Sucre de fleur de coco est meilleur pour la santé ».

Faux
Selon les études, le sucre de coco a un indice glycémique compris entre 35 et 54. Il n’en reste pas moins source de sucres.

On est toujours dubitatif des échelles de valeur santé formulées pour des sucres qui se ressemblent vraiment beaucoup. Rappelons-le, le sucre de fleur de coco est composé de saccharose, glucose et fructose, tout comme le miel, le sirop d’érable et… le sucre de canne ou de betterave.

Dans le sujet, il est dit que l’indice glycémique ou IG du sucre de coco (une estimation de l’effet de l’aliment sur l’élévation du taux de glucose dans le sang) est très bas. Vérification faite, le sucre de coco est souvent crédité par ses supporters d’un IG de 35, plus bas que les autres sucres (60-65).

Seulement, cet IG bas est donné par le ministère de l’agriculture philippin, producteur de sucre de coco, mais l’Université de Sydney, spécialiste du sujet, a publié pour le même sucre de coco un IG moyen de 54

Plus d’informations

Le sucre de coco a sûrement très bon goût mais cela reste une source de sucreS.

Nous en avons parlé plus en détail dans un précédent billet.

Pour conclure, n’oublions pas que le plaisir, lorsqu’il est satisfait avec modération, peut être dissocié de la notion de culpabilité !

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