Alimentation émotionnelle, obésité et modes de vie

Alimentation émotionnelle, obésité et modes de vie

Quelles relations entre alimentation émotionnelle, obésité et modes de vie chez les enfants à travers le monde ?

Contrôle du poids

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Manger pour calmer ses émotions. Un comportement humain, mais pas anodin. Des études menées chez l’adulte ont montré que l’alimentation émotionnelle était corrélée positivement à l’indice de masse corporelle (IMC), et qu’elle pourrait constituer un facteur de risque d’obésité.

Qu’en est-il chez l’enfant ? Une étude internationale a examiné la relation entre alimentation émotionnelle, IMC et modes de vie, dans un large échantillon d’enfants âgés de neuf à onze ans, à travers douze pays.

Alimentation émotionnelle et obésité chez l’enfant

L’augmentation du taux d’obésité chez les enfants constitue un phénomène mondial. Elle touche de plus en plus de pays en développement, où l’on retrouve les mêmes facteurs obésogènes que dans les pays occidentaux : diminution de l’activité physique indispensable et augmentation de l’accessibilité à des aliments hautement caloriques.

Comme l’adulte, l’enfant confronté à des émotions négatives peut trouver un apaisement dans la consommation de nourriture. Ce comportement est-il culturel ? Est-il associé à un surpoids, voire une obésité ?

Quels sont les liens entre alimentation émotionnelle et modes de vie (modèle alimentaire, activité physique, durée de sommeil, temps passé devant la télévision). Une équipe de recherche internationale livre des réponses grâce à l’étude d’un large échantillon d’enfants vivant à travers le monde.

Une étude transversale menée dans douze pays

L’échantillon retenu était composé de 5 426 enfants, dont 54 % de filles, issus de douze pays : Afrique du Sud, Australie, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Etats-Unis, Finlande, Inde, Kenya, Portugal et Royaume-Uni.

Le fait de manger en fonction de ses émotions (score d’alimentation émotionnelle), le modèle alimentaire (déséquilibré versus sain) et le temps passé devant la télévision étaient évalués par des questionnaires auto-déclaratifs.

Pour le calcul du score d’alimentation émotionnelle, les enfants devaient évaluer dans quelle mesure leur consommation de nourriture augmentait en réponse à quatre émotions : tristesse, inquiétude, colère, et ennui.

Les modèles alimentaires étaient définis en fonction de la fréquence de consommation de 23 groupes d’aliments. Quant à l’activité physique et la durée de sommeil nocturne, elles étaient mesurées via des accéléromètres (capteurs mesurant la variation de la vitesse) portés autour de la taille pendant une semaine.

L’alimentation émotionnelle, corrélée au modèle alimentaire mais pas à l’IMC

De manière générale, l’alimentation émotionnelle ne variait pas en fonction du genre, sauf au Royaume-Uni où elle était plus élevée chez les filles.

Quel que soit le pays, l’alimentation émotionnelle était systématiquement associée à un schéma alimentaire déséquilibré (consommation fréquente de fast-food, glaces, frites, sodas). En revanche, elle n’était corrélée ni à l’IMC, ni à la durée de sommeil.

Les corrélations avec certains facteurs n’étaient pas constantes : les enfants plus actifs avaient une plus grande tendance à manger en fonction de leurs émotions en Colombie et en Afrique du Sud, mais pas ailleurs.

De même, une corrélation positive entre alimentation émotionnelle et temps passé devant la télévision a été observée, mais uniquement en Chine et au Canada.

L’alimentation émotionnelle ne serait donc pas un phénomène inné mais acquis, qui pourrait dépendre de l’environnement proche (observation de comportements familiaux).

Des études prospectives restent toutefois nécessaires pour déterminer si, chez l’enfant, elle est associée à l’adoption de modèles alimentaires indésirables et à une majoration du risque d’obésité à moyen et long terme.

Les brèves du sucre - Rubrique Nutrition - Numéro 75

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A retenir
  • Dans tous les pays étudiés, on retrouve une association chez les enfants sujets à une alimentation émotionnelle et un modèle alimentaire déséquilibré. Cette étude montre qu’une alimentation émotionnelle n’est pas la panacée des pays occidentaux.

  • Dans cette étude chez l’enfant, l’alimentation émotionnelle n‘est pas associée à un IMC élevé, ni à un mode de vie moins actif. La répercussion sur le poids semble être visible à l’âge adulte.

Sources
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