Boissons sucrées et obésité de l’enfant : l’impasse des méta-analyses

Boissons sucrées et obésité de l’enfant : l’impasse des méta-analyses

Contrôle du poids

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Les méta-analyses sur les relations entre la consommation de boissons sucrées et l’obésité de l’enfant se succèdent dans la littérature… Mais elles ne se ressemblent pas nécessairement. C’est ce que conclut une revue entreprise par une équipe espagnole qui a comparé les résultats et la méthodologie déployée dans six méta-analyses sur le sujet.

Compte tenu de la difficulté à qualifier la relation entre obésité et boissons sucrées – simple corrélation ou relation de causalité –, les auteurs ont pris soin de sélectionner uniquement les méta-analyses incluant des études d’intervention randomisées contrôlées, moins sujettes aux biais méthodologiques.

Méta-analyses : bilan mitigé des méthodes et conclusions

Premier constat lors de l’examen des méta-analyses : l’hétérogénéité entre études s’avère souvent élevée, ce qui est susceptible de compromettre la validité de l’estimateur global de risque d’obésité calculé ; certains chercheurs estimant même qu’un tel calcul ne devrait pas être réalisé si l’hétérogénéité est élevée.

Les auteurs de la revue s’interrogent ainsi sur la validité même des méta-analyses concernées. Par ailleurs, en termes de conclusions, tandis que deux méta-analyses montraient un risque d’obésité augmentant avec la consommation de boissons sucrées, les quatre autres ne trouvaient pas d’association.

Ces divergences s’expliquent-elles par des différences de qualité méthodologique entre les méta-analyses ?

Non, estiment les auteurs qui ont mesuré l’adhérence des différentes publications aux critères PRISMA (pour Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses), guide méthodologique pour les chercheurs quand ils rapportent leurs résultats et qui permet d’apprécier la qualité de la démarche mise en œuvre : notamment, les deux méta-analyses obtenant les scores d’adhérence les plus élevés parvenaient à des conclusions opposées.

De nombreuses sources d’incertitude dans le paysage scientifique

Compte tenu de ces divergences, dont l’origine reste difficile à identifier, les auteurs interrogent ainsi la capacité des méta-analyses à explorer la relation entre boissons sucrées et obésité de l’enfant, en l’état actuel des données à leur disposition.

La littérature scientifique utilisée dans les méta-analyses souffre de nombreuses insuffisances, susceptibles d’influencer les résultats obtenus (durée d’étude trop courte, nombre de participants insuffisant, etc.). En outre, l’origine de l’hétérogénéité entre études, mise en évidence dans la plupart des méta-analyses, mériterait d’être explorée de façon approfondie.

Les auteurs s’arrêtent ainsi par exemple sur la source de financement des études : davantage d’associations négatives entre boissons sucrées et prise de poids seraient ainsi rapportées dans les études financées par l’industrie ; mais ces dernières présenteraient aussi une meilleure qualité méthodologique !

Autres sources d’erreurs dans le paysage scientifique : la non publication de certains résultats non significatifs ou négatifs, rejetés des éditeurs ou autocensurés par les auteurs eux-mêmes, contribuant à fausser l’éventail de données disponibles ; ou encore les conflits d’intérêt autres que financiers (concurrence académique, relation personnelle, passion intellectuelle…).

Les brèves du sucre - Rubrique Nutrition - Numéro 72

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A retenir
  • L’analyse de six méta-analyses incluant des essais randomisés contrôlés ne permet pas de préciser la relation entre consommation de boissons sucrées et obésité chez les enfants.

  • En cause, l’hétérogénéité entre études et leurs conclusions divergentes, qui ne semblent pas s’expliquer par des différences de qualité méthodologique.

  • La compréhension des facteurs à l’origine de l’obésité nécessite en outre une approche plus globale du régime et du mode de vie, au-delà d’un focus sur la seule consommation d’un groupe alimentaire comme les boissons sucrées.

Sources
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