Horaires décalés, alimentation chamboulée

Horaires décalés, alimentation chamboulée

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Septembre 2021

Une revue systématique s’est penchée sur les résultats de 33 études d’observation (30 transversales, 2 longitudinales et 1 cas-témoin) relatives aux associations entre le travail décalé (de nuit ou par rotation) et les habitudes alimentaires.

Des habitudes alimentaires modifiées

Davantage de repas sautés, une consommation alimentaire plus importante pendant la nuit : les données recueillies suggèrent que le travail décalé chamboule les habitudes alimentaires des travailleurs. Or ces changements sont connus pour être des facteurs de risque de prise de poids, d’intolérance au glucose, de résistance à l’insuline, de dyslipidémie et d’obésité. En cause, la perturbation du rythme circadien (auquel sont soumises la production d’hormones et la fonction métabolique), qui se traduit notamment par une production réduite de leptine, une augmentation de la ghréline et une résistance accrue à l’insuline. Les conséquences de ces perturbations métaboliques pourraient être lourdes : un risque plus élevé d’infarctus et d’événements coronariens est en effet associé au travail décalé.

Changement de composition des repas

De plus, même si l’on note des résultats souvent discordants dans les études sur les macronutriments, les travailleurs décalés pourraient/semblent consommer davantage d’aliments riches en graisses saturées et de boissons sucrées. Soit autant de facteurs de risque supplémentaires pour le développement de perturbations métaboliques. Néanmoins, l’apport énergétique quotidien des travailleurs décalés ne diffèrerait pas de celui des travailleurs non décalés.

Prudence avant de conclure

Les résultats doivent néanmoins, selon les auteurs, être interprétés avec la plus grande prudence du fait du grand nombre d’études transversales (les travailleurs ont-ils adopté ces habitudes alimentaires après ou avant de commencer à travailler en horaires décalés ?), de la faible qualité méthodologique des études (nombreux facteurs de confusion) en sus des biais classiques (auto-évaluation de son alimentation). Néanmoins, les résultats soulignent la nécessité de prêter attention à la qualité de l’alimentation de ces travailleurs et de mener des études de meilleure qualité (longitudinales, tenant compte des facteurs de confusion…) afin de pouvoir proposer des recommandations nutritionnelles adaptées à cette population.

Voir tous les articles du numéro spécial Chrononutrition

A retenir
  • Le travail de nuit ou par rotation perturbe l’organisation des repas (saut du petit-déjeuner, consommation alimentaire plus importante la nuit) et pourrait augmenter le risque de maladies métaboliques.

  • Le travail décalé semble favoriser la consommation d’aliments gras et de boissons sucrées, mais ne modifie pas l’apport calorique total quotidien.

Sources
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