Régimes Low Carb versus Low Fat : et si leurs effets métaboliques dépendaient du microbiote ?

Régimes Low Carb

versus Low Fat

Et si leurs effets métaboliques dépendaient du microbiote ?

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Quel régime faut-il suivre pour réduire son risque cardiométabolique : un régime pauvre en graisses ou un régime pauvre en glucides ? Des chercheurs tentent de répondre à la question en reprenant les données scientifiques sur les différentes « modes » de régimes qui se sont succédées au fil des années.

Graisses, glucides, microbiote…plusieurs acteurs suspectés

Les études portant sur l’impact du régime alimentaire sur le risque cardiovasculaire se sont accumulées depuis les années 1950. Elles ont tout d’abord pointé le rôle néfaste de certains lipides et ont fait le succès des régimes à faibles teneurs en graisses. En parallèle, les régimes à faible teneur en glucides ont suscité l’intérêt pour leur efficacité à faire perdre du poids chez les personnes obèses mais aussi comme traitement du diabète de type 2. Puis, un nouvel acteur s’est invité dans la relation entre l’alimentation et le risque cardiométabolique : le microbiote intestinal (voir Figure). Aujourd’hui, où en sont les connaissances ?

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Chronologie des données scientifiques impliquant les graisses, les glucides et le microbiote dans le risque cardiométabolique.

Limiter les teneurs en graisses du régime ?

Des atouts

Du côté des graisses, les données indiquent que c’est la qualité qui doit être privilégiée (plutôt que de limiter leur quantité totale). Ainsi, remplacer les graisses saturées par des graisses polyinsaturées améliore le profil lipidique des sujets et réduit leur risque cardiovasculaire. Dans le cadre du diabète de type 2, la qualité des graisses (et en particulier les graisses monoinsaturées), a aussi un rôle sur la réduction de la glycémie.

Des limites

Pour le traitement de l’obésité, les essais cliniques comparant les régimes pauvres en graisses à ceux pauvres en glucides rapportent une perte de poids relativement similaire après 6 mois d’intervention. Une donnée qui fait relativiser le crédit à accorder aux régimes ciblant la réduction d’un macronutriment spécifique et qui permet au sujet de choisir le régime qui lui semble le plus facile à suivre et adapté à sa situation pour un suivi au long court. Concernant le risque cardiovasculaire, l’impact d’une réduction des teneurs en graisses saturées dépendrait aussi du macronutriment qui les remplace (aucun bénéfice n’est rapporté lorsqu’il s’agit de glucides).

Limiter les teneurs en glucides du régime ?

Des atouts

Quant aux régimes pauvres en glucides, ils pourraient présenter de nombreux atouts, selon certaines études : effet satiétogène, glycogénolyse, néoglucogénèse et oxydation des graisses favorisées, réduction de la pression artérielle et de la sécrétion d’insuline… Plusieurs études montrent que le suivi des paramètres améliore la glycémie et l’insulinémie chez les patients diabétiques de type 2, réduit le risque cardiovasculaire et favorise la perte de poids.

Des limites

Toutefois, parmi les nombreuses études publiées, certaines rapportent des effets moins favorables des régimes pauvres en glucides, tant au sujet du diabète de type 2 que du risque cardiovasculaire. Elles pointent ainsi le rôle possible du type de protéines et de graisses utilisées en substitution des glucides, ou de leur quantité résiduelle dans le régime. La durée de suivi des régimes est aussi interrogée : les effets positifs sont pour la plupart observés sur le court terme (6 mois).

Le microbiote pourrait expliquer l’hétérogénéité des données

Ces dernières années, les études ont prouvé l’existence d’une relation entre le régime alimentaire, le microbiote intestinal et la santé cardiométabolique. On sait que la composition du microbiote intestinal diffère selon le régime alimentaire mais aussi en cas de pathologies (obésité, diabète). On sait aussi que les produits de la fermentation microbienne intestinale (butyrate, propionate…) influencent la sécrétion d’hormones contrôlant la prise alimentaire, et donc indirectement l’adhésion à un type de régime. Quelques données ont récemment suggéré que la perte de poids sous un régime à faible teneur en graisses ou en glucides pourrait être favorisée par la richesse du microbiote et sa capacité à évoluer selon le régime alimentaire.  

Une question sans réponse !In fine, pour les chercheurs, la question de savoir quel type de régime – pauvre en glucides ou pauvre en graisses – est le meilleur pour la santé cardiométabolique reste sans réponse à l’heure actuelle. Ces régimes peuvent tous deux être efficaces à court et moyen termes sur la perte de poids qui, à son tour, améliore indirectement le risque cardiovasculaire. Les bénéfices sur le long terme, quant à eux, ne sont pas prouvés. De plus, les effets pourraient dépendre du microbiote du sujet, qu’il sera sans doute nécessaire d’identifier à l’avenir pour personnaliser les interventions diététiques.

A retenir
  • Le risque cardiométabolique ne dépend pas uniquement du régime alimentaire et sa prévention ne peut se limiter à réduire l’apport en un macronutriment en particulier ;

  • Les régimes à faible teneur en graisses et ceux à faible teneur en glucides présentent autant d’atouts et de limites pour la réduction du risque cardiométabolique ;

  • Mais il faudra désormais considérer le microbiote du sujet, dont l’effet sur l’efficacité de ces régimes est vraisemblable.

Sources
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