Sucres libres et obésité : quelles relations chez les adolescents européens ?

Sucres libres et obésité : quelles relations chez les adolescents européens ?

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Etudier les relations entre les apports en sucres libres provenant de différentes sources alimentaires et le risque de surpoids et d’obésité : tel était l’objectif de cette analyse réalisée dans le cadre de l’étude HELENA (Healthy Lifestyle in Europe by Nutrition in Adolescents) auprès de 843 adolescents (âgés entre 12,5 et 17,5 ans) de huit pays européens (dont la France). Pour cela, les apports nutritionnels ont été évalués à partir de deux rappels de 24 h. L’évaluation des apports en sucres libres nécessitait une étape préalable d’estimation de la teneur en sucres ajoutés dans les aliments, réalisée par les chercheurs à partir de la méthodologie en dix étapes de Louie et al [1]. Dans leurs analyses, les chercheurs considéraient les apports en sucres libres totaux ainsi que ceux issus spécifiquement de neuf groupes alimentaires sources de sucres libres (gâteaux, céréales, boissons, chocolat, confiseries, desserts lactés, jus de fruits, produits sucrés [confiture, miel…], autres).

Des apports en sucres libres supérieurs aux recommandations…

Avec 103 et 88 g/j respectivement, les apports en sucres libres s’avéraient plus élevés chez les garçons que chez les filles. Ils représentaient 14 et 16 % de l’apport énergétique total (AET) respectivement dans ces deux populations, et étaient donc supérieurs à la limite de 10 % recommandée par l’OMS.

Ces apports élevés dans cette population, déjà observés dans de précédentes études, pourraient être liés, selon les auteurs, à différents facteurs comme la forte disponibilité d’aliments riches en sucres libres ou encore l’appétence marquée pour les produits sucrés pendant l’enfance et l’adolescence.  

… mais non associés à l’indice de masse corporelle

Dans des modèles ajustés sur différents facteurs (AET, activité physique, niveau d’études de la mère…), aucune association n’était observée entre les apports en sucres libres totaux et l’IMC, ni chez les filles ni chez les garçons.

Néanmoins, la probabilité d’être obèse était plus faible chez les adolescents et les adolescentes consommant des sucres libres provenant des gâteaux et des céréales de petit-déjeuner par rapport aux non consommateurs ; tandis que la probabilité d’obésité était plus élevée chez les adolescentes consommant des sucres libres provenant des jus de fruits par rapport aux non consommatrices. À noter toutefois, chez les adolescentes, les apports en sucres libres totaux ou provenant spécifiquement du chocolat et des jus de fruits étaient inversement associés à l’index de masse grasse.

Des produits bannis du régime en cas de surpoids ? Selon les auteurs, une partie des associations inverses observées entre la consommation de sucres libres et l’obésité pourraient s’expliquer par des modifications comportementales visant à contrer une prise de poids : par exemple, les adolescents pourraient restreindre ou exclure certains produits riches en sucres de leur alimentation pour faire face à l’apparition d’un surpoids ou d’une obésité. Des études de nature longitudinale permettraient de suivre dans le temps les évolutions des comportements alimentaires et de l’IMC afin de mieux discerner les causes des conséquences dans les relations mises en évidence.



[1] Louie et al. Eur J Clin Nutr. 2015 . On peut cependant regretter l’absence de précisions supplémentaires sur l’application de cette méthode en 10 étapes, ne permettant pas d’évaluer une possible surestimation des teneurs en sucres libres dans les aliments, et par conséquent des apports.

A retenir
  • Chez les adolescents de l’étude européenne HELENA, la consommation de sucres libres, bien que supérieure aux recommandations de l’OMS, n’est pas associée à l’indice de masse corporelle.

  • La probabilité d’être obèse est plus faible chez les consommateurs de certaines sources de sucres libres (gâteaux, céréales de petit déjeuner…) par rapport aux non consommateurs.

  • Ces associations inverses pourraient refléter une tendance à restreindre ou exclure certains produits riches en sucres chez les adolescents développant un surpoids ou une obésité.

Sources
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