COVID-19 : le confinement a-t-il bousculé nos habitudes alimentaires ?

COVID-19 : le confinement a-t-il bousculé nos habitudes alimentaires ?

Comportement alimentaire

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Durant deux mois au printemps 2020, les Français ont été confinés pour limiter au maximum la transmission de la Covid-19. Une étude pilotée par des chercheurs du Centre des Sciences Du Goût et de l’Alimentation (Dijon) a tenté de décrire les changements alimentaires qui se sont opérés durant cette période et d’en évaluer l’impact sur la qualité nutritionnelle du régime des Français.

Habitudes, état émotionnel, motivations et critères d’achats sous la loupe

L’enquête, réalisée en ligne fin avril 2020 auprès de 938 Français recrutés par e-mail, a comparé leurs habitudes alimentaires avant et durant le confinement. Les participants renseignaient rétrospectivement leurs consommations (deux semaines après la fin du premier mois de confinement) mais aussi leur état émotionnel, leurs motivations de consommations [1] et leurs critères d’achats. Enfin, la qualité nutritionnelle du régime était estimée par le degré d’adhésion aux recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS version 2017 [2]).

Des motivations alimentaires qui changent

Les motivations des sujets interrogés ont considérablement changé durant le confinement. En moyenne, les choix alimentaires étaient davantage guidés par l’état émotionnel tandis que des critères comme la praticité des produits, le fait qu’ils soient familiers ou encore leur prix perdaient en importance. La santé et l’attention portée au contrôle du poids apparaissaient aussi comme des critères de choix en hausse. Enfin, les considérations éthiques et environnementales et le caractère naturel des ingrédients prenaient également de l’importance. À noter toutefois, ces tendances moyennes cachaient de grandes disparités individuelles. Par exemple, l’état émotionnel était une motivation devenant plus importante pour 48 % des sujets, restant tout aussi importante pour 45 % d’entre eux et devenant moins importante pour 6 %.

La qualité nutritionnelle fortement liée aux motivations

Malgré une hausse des consommations de fruits et légumes, de légumineuses, de poissons et fruits de mer, la qualité nutritionnelle a globalement diminué en raison de l’augmentation concomitante des consommations de viande rouge, de produits sucrés, de boissons sucrées et/ou alcoolisées. En moyenne, une augmentation de 14 % des apports énergétiques était notée durant le confinement (1 935 kcal/jour versus 1 700 kcal/jour).

Toutefois, une analyse plus fine des données montre que la baisse de la qualité nutritionnelle ne concernait que les sujets dont les choix alimentaires étaient motivés par leur état émotionnel. Au contraire, les sujets soucieux de leur poids avaient amélioré la qualité de leur alimentation.  Le recueil rétrospectif des habitudes de consommation pré-confinement, qui avait lieu en même temps que le recueil des consommations pendant le confinement constitue une limite évidente de cette étude. Ses données font toutefois écho à celles d’autres études françaises [3] rapportant durant le confinement un attrait accru pour les aliments denses en énergie, l’instauration plus fréquente d’apéritifs, l’augmentation du temps consacré à la préparation des repas ou encore un renforcement des préoccupations éthiques, naturelles ou de santé.



[1] Cottet P, et al (2017). La compréhension des moteurs des comportements alimentaires : Une approche par le food choice questionnaire. In 12e journée du Marketing agroalimentaire.
[2] Chaltiel D, et al (2019). Programme national nutrition santé – guidelines score 2 (pnns-gs2): Development and validation of a diet quality score reflecting the 2017 French dietary guidelines. BJN
[3] Deschasaux-Tanguy et al. 2020. Diet and physical activity during the COVID-19 lockdown period (March-May 2020): Results from the French NutriNet-sante cohort study. medRxiv;
Darwin Nutrition & IFOP. (2020). Quel est l’impact du confinement sur le poids et les habitudes alimentaires des Français ? ;
Enquête YouGov pour Too Good To Go (2020). Confinement : La valeur économique, écologique et sociale de la nourriture a évolué en France ;
Cherikh, F et al., (2020). Behavioral food addiction during lockdown: Time for awareness, time to prepare the aftermath. Obesity Surgery.

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A retenir
  • Le confinement a été associé à une baisse de la qualité nutritionnelle moyenne du régime des Français, dont les choix alimentaires ont parfois été davantage guidés par l’état émotionnel ;

  • Toutefois, les Français soucieux de contrôler leur poids ont augmenté la qualité de leur alimentation.

  • Le confinement a aussi accru les préoccupations éthiques des consommateurs et celles relatives au contenu « naturel » des produits.

Sources
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