Comment les enfants anticipent-ils l’effet d’une grosse portion sur leur satiété, leur plaisir ou leur santé ?

Comment les enfants anticipent-ils l’effet d’une grosse portion sur leur satiété, leur plaisir ou leur santé ?

Goût et préférence

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Si réduire la taille des portions présentées aux enfants peut être un moyen de limiter leur surconsommation de certains aliments, une portion réduite ne risque-t-elle pas d’être considérée comme moins rassasiante, ou comme procurant moins de plaisir, alors que ses bénéfices santé ne sont pas nécessairement perçus ? Dans une collaboration avec Pierre Chandon, des chercheurs du Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation de Dijon ont tenté de mieux comprendre comment les enfants interprètent des variations de tailles de portions.

Confronter les prévisions aux ressentis réels après consommation

Pour cela, ils ont exposé 83 enfants âgés de 8 à 11 ans à deux types de snacks, un brownie et une compote, chacun d’entre eux étant successivement présenté dans une portion standard (= portion recommandée par le fabricant), une portion 50 % plus élevée et une portion 125 % plus élevée (ordre de présentation aléatoire).

Grâce à des questionnaires remplis avant et après la consommation du snack (voir Figure), les scientifiques ont mesuré comment les prévisions des enfants en termes de faim résiduelle, de plaisir ressenti et d’impact sur la santé étaient modifiées par la taille des portions présentées, et si ces prévisions correspondaient à la faim résiduelle, au plaisir et à la perception santé mesurées après la consommation réelle du snack.

Echelles permettant aux enfants d’évaluer la faim résiduelle,
le plaisir et la perception santé d’un snack, avant et après sa consommation.

Grandes portions : plus satiétogènes, mais vraiment plus plaisantes ?

Les tailles de portions impactaient différemment les prévisions en termes de faim, de plaisir et de santé anticipées face aux snacks présentés.

Ainsi, présenter une portion de taille plus élevée réduisait de façon similaire la faim résiduelle anticipée par les enfants et la faim résiduelle réellement ressentie après la consommation du snack, suggérant une bonne capacité des enfants à prédire l’effet de la taille de portion présentée sur la satiété qu’ils en retireront. Ces résultats étaient observés pour les deux types de snacks (compote ou brownie).

En revanche, face à une portion de taille plus élevée, les enfants anticipaient un plaisir plus important à consommer le snack, alors que le plaisir réel déclaré après la consommation ne différait pas selon la portion reçue (sauf chez les enfants qui avaient très faim). En regardant les résultats de plus près, on constatait que les enfants sous-estimaient le plaisir qu’ils pensaient retirer des deux portions les plus petites. Là-encore, le type de snack ne modifiait pas les résultats.

Perception santé : la qualité du snack prime sur sa quantité

Enfin, la taille de portion présentée se révélait sans effet sur les perceptions santé des enfants (avant ou après la consommation), contrairement au type de snack – le brownie était perçu comme moins sain que la compote. Autrement dit, les enfants jugeaient que la compote présentait un meilleur profil nutritionnel que le brownie, mais ne faisaient pas la différence entre une portion de 30 g de brownie et une portion de 70 g.

Les chercheurs concluent qu’amener les enfants à mieux évaluer le plaisir qu’ils sont à même de retirer de petites portions et les sensibiliser à l’importance de la quantité consommée pourraient les aider à mieux contrôler les portions qu’ils consomment.

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A retenir
  • Quel que soit le profil nutritionnel du snack qu’on leur présente (compote ou brownie), les enfants anticipent correctement l’effet de la taille de la portion sur la satiété alors qu’ils ont tendance à sous-estimer le plaisir véhiculé par les petites portions.

  • Le profil nutritionnel du snack modifie la perception santé que les enfants en ont alors que la taille de portion reste sans effet.

  • Sensibiliser les enfants au plaisir que peuvent procurer de petites portions et les informer de l’importance de considérer les quantités (et pas seulement la qualité) des aliments pourraient les aider à mieux contrôler les tailles de portions qu’ils choisissent.

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