Après les sucres, vers une recommandation de l’OMS pour les fibres

Après les sucres, vers une recommandation de l’OMS pour les fibres

Diabète

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Après la publication en 2015 d’une recommandation concernant la consommation de sucres libres (< 10 % de l’énergie totale), l’OMS souhaite construire des recommandations nutritionnelles complémentaires en matière de glucides. C’est ainsi qu’elle a confié à une équipe néo-zélandaise la réalisation d’une revue bibliographique publiée dans The Lancet en 2019. Les chercheurs ont ainsi extrait les données provenant de 185 études prospectives et 58 essais cliniques ; puis ont analysé la relation entre, d’une part, les paramètres glucidiques les plus étudiés (apports en fibres alimentaires, en céréales complètes et index glycémique du régime) et, d’autre part, la mortalité et l’incidence d’un large éventail de maladies non transmissibles, dont le diabète de type 2.

Des bénéfices avérés pour les fibres alimentaires

Sur le plan des fibres alimentaires, les résultats sont éloquents : lorsque l’on compare les plus grands consommateurs aux plus petits, les données d’observation indiquent une diminution de 15 à 30 % de la mortalité (toutes causes confondues et cardiovasculaire) ; de l’incidence des maladies coronariennes, du diabète de type 2 et du cancer colorectal ; ainsi que de l’incidence et de la mortalité des accidents vasculaires cérébraux. Ces bénéfices santé pourraient s’expliquer par l’amélioration de plusieurs facteurs de risque démontrée dans des essais cliniques, à savoir une diminution significative du poids corporel, de la pression artérielle systolique et du cholestérol total. En termes de quantité, les auteurs indiquent des bénéfices optimaux chez les individus consommant 25 à 29 g de fibres par jour, mais notent l’existence de courbes dose-réponse révélant qu’un apport plus élevé en fibres alimentaires peut conduire à des avantages encore plus importants, notamment contre les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et certains cancers fréquents (colorectal et sein).

… et les céréales complètes

Les mêmes résultats sont observés en ce qui concerne la consommation de céréales complètes, avec des réductions de risques allant de 13 à 33 % selon les types de mortalité et d’incidence considérés. L’hétérogénéité des données concernant les résultats obtenus sur les paramètres métaboliques associés à ces bénéfices (poids corporel, cholestérol et pression artérielle) pousse néanmoins les auteurs à considérer la certitude de ces preuves comme faible à modérée. Dans leur discussion, les auteurs alertent par ailleurs sur l’importance de considérer le degré de transformation des aliments contenant des céréales complètes : « Le concept d’aliments à base de céréales complètes a beaucoup évolué » ; ainsi, « de nombreuses céréales pour petit-déjeuner et autres produits transformés dits « à grains entiers/complets » sont plus fortement transformés qu’ils ne l’étaient auparavant ». Et de noter qu’il n’existe pas encore de preuves épidémiologiques de l’effet de ces transformations sur la santé, mais que de rares études montrent une détérioration très nette de marqueurs métaboliques en lien avec la consommation d’aliments qualifiés d’ultra-transformés. D’où l’intérêt, selon les auteurs, de mettre l’accent sur les bénéfices des fibres alimentaires naturelles des céréales complètes (mais aussi des fruits et légumes) peu transformées.

…mais pas pour l’index glycémique

Quant aux réductions de risque observées lors de la comparaison de régimes alimentaires caractérisés par un index glycémique bas versus élevé, elles se révèlent faibles voire nulles. Les auteurs expliquent ce résultat par une forte hétérogénéité des données probablement attribuable à des biais dans le recueil des données alimentaires. Ils évoquent également le fait que certains aliments à faible index glycémique peuvent contenir d’autres composants non favorables à la santé (comme le fructose, les graisses saturées ou les additifs contenus dans certaines confiseries présentant un index glycémique bas).

Un apport optimal de 25 à 29 g de fibres alimentaires par jour

Les chercheurs concluent sur l’importance d’inclure des conseils concernant la nature et les sources de glucides autres que les sucres libres, et en particulier les fibres alimentaires, dans les recommandations alimentaires. La consommation de fibres étant inférieure à 20 g par jour dans le monde chez une majorité d’individus, conseiller des apports de l’ordre de 25 à 29 g par jour permettrait donc de renforcer les politiques nutritionnelles ; d’autant qu’aucun risque associé à la consommation de fibres n’a été identifié.

breves-81

Brèves nutrition n°81

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A retenir
  • Cette revue systématique couplée à une méta-analyse, commandée par l’OMS, quantifie les réductions potentielles de risque de maladies non transmissibles observées en fonction des apports en fibres alimentaires et en céréales complètes, ainsi que de l’index glycémique du régime.

  • L’apport en fibres alimentaires constitue l’indicateur bénéficiant du meilleur niveau de preuve, tandis que l’index glycémique ne se révèle pas pertinent.

  • Un apport de 25 à 29 g de fibres alimentaires par jour pourrait être recommandé par l’OMS en population générale afin de réduire les risques de maladies non transmissibles.

Sources
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