Les limites des régimes Low carb dans la prévention du diabète

Les limites des régimes Low carb dans la prévention du diabète

Diabète

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Depuis quelques décennies, ont émergé des régimes basés sur la réduction des apports en glucides. Du régime Atkins au régime cétogène, ceux-ci se sont positionnés sur la perte de poids et la prévention du diabète. Les données scientifiques accumulées depuis confirment-elles leur efficacité en la matière ? Fred Brouns de l’Université de Maastricht aux Pays-Bas tente de répondre à cette question dans une revue de la littérature parue dans la revue European Journal of Nutrition en 2018.

« Low carb » : de quoi parle-t-on ?

Premier constat : l’efficacité d’un régime alimentaire à très faible teneur en glucides (moins de 50 g/j, voire 20 g/j) a toujours fait l’objet de débats. En cause ? Il s’agit d’un régime qui ne permet pas de juger de l’effet du seul facteur glucides puisqu’il va de pair avec une augmentation de la part des lipides. Selon l’auteur, l’expression appropriée serait donc « régime à faible teneur en glucides et riche en graisses » ; d’où l’utilisation de l’acronyme LCHF (pour Low Carb-High Fat) dans son article (et ce résumé), afin de bien prendre en compte ces deux aspects dans l’interprétation des résultats.

À court terme, des effets bénéfiques mais aussi délétères

Deuxième constat : tout régime alimentaire se traduisant par un apport énergétique réduit (réduction de 272 kcal/j en moyenne en cas de régime LCHF) entraînera une perte de poids et donc des changements métaboliques et fonctionnels favorables chez les individus en surcharge pondérale. C’est pourquoi les études évaluant les régimes LCHF à court terme (sur des durées allant de quelques semaines à moins de deux ans) montrent des résultats positifs sur le poids, mais aussi le contrôle de la glycémie et de l’insulinémie. Avec toutefois des conséquences nettement moins désirables sur le plan cardiovasculaire (augmentation du cholestérol LDL, diminution de la réactivité vasculaire).

À long terme, une faible adhérence et des effets non prouvés

Le troisième constat mis en avant concerne la faible adhérence au régime LCHF : au bout d’un certain temps, on observe un essoufflement de l’adhésion au régime entraînant une augmentation des apports glucidiques, jusqu’à 130 à 160 g/jour (apport modéré). L’auteur s’interroge donc sur la nécessité d’imposer des modifications aussi drastiques de l’alimentation, alors que d’autres modèles, tels que le végétarisme, ont des effets bénéfiques avérés sans effets délétères et sont plus faciles à adopter sur le long terme.

D’autant que son quatrième constat souligne le manque de données à long terme (plus de deux ans) quant à l’efficacité, la sécurité et les avantages pour la santé des régimes LCHF.

Quelles recommandations aux patients et personnes à risque de diabète ?

Ainsi, selon Fred Brouns, s’il est justifié de recommander aux personnes prédiabétiques ou atteintes de diabète de type 2 de limiter leur consommation quotidienne de glucides à index glycémique élevé (pomme de terre, riz blanc, pain blanc…), il convient de rester prudent car cette recommandation peut donner lieu à une augmentation de leur consommation de lipides. Il suggère donc de la coupler à une recommandation visant à privilégier les produits riches en acides gras insaturés.
En outre, pour ce qui est de la prévention du diabète, l’auteur souligne que les régimes LCHF n’ont pas fait leurs preuves[1]. Et de rappeler que les interventions axées sur le mode de vie des personnes à haut risque de développer un diabète de type 2, sans réduire la part des glucides dans l’alimentation, s’avèrent en revanche sûres et efficaces.

[1] Quant à l’efficacité des régimes Low Carb dans la prise en charge du diabète, elle est traitée par ailleurs dans une autre brève de ce numéro.

breves-81

Brèves nutrition n°81

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A retenir
  • À court terme (< 2 ans), les régimes LCHF (pour Low Carb-High Fat) ont des effets métaboliques positifs (glycémie, insulinémie), en raison de la perte de poids engendrée par la restriction calorique associée, mais aussi délétères sur le plan cardiovasculaire.

  • À long terme (> 2 ans), les données scientifiques sont insuffisantes pour conclure à l’efficacité et à la sécurité des régimes LCHF en termes de prévention et de contrôle du diabète.

  • Ces régimes drastiques étant en outre difficiles à tenir sur le long terme, ils ne constituent donc pas une solution pour les personnes diabétiques ou à risque.

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