Redéfinir l’obésité pour mieux la prendre en charge

Redéfinir l’obésité pour mieux la prendre en charge

Doit-on la considérer comme une réelle pathologie ?

Contrôle du poids

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L’obésité serait mal prise en charge parce qu’elle ne serait pas considérée comme une réelle pathologie. C’est ce que deux chercheurs affirment dans la revue Obesity. En cause, un diagnostic basé uniquement sur l’indice de masse corporelle (IMC) et un codage international qui associe l’obésité au seul excès de calories.

La révision de la classification de l’obésité comme priorité

Pour améliorer la prise en charge de l’obésité, les deux chercheurs font l’hypothèse qu’une description plus clinique de la maladie modifiera son codage dans la classification internationale des maladies[1] (CIM-10) et ouvrira ainsi l’accès à des traitements validés scientifiquement.

  • Partir d’une définition plus précise…

Leur première proposition est de s’affranchir du terme diagnostique « obésité », trop imprécis et par ailleurs très stigmatisant, pour intégrer les notions d’adiposité, de chronicité et de maladie, qui reflètent mieux la physiopathologie de cette maladie, sa durée et son association à des complications. Ainsi, la nouvelle terminologie proposée par les auteurs et validée par l’AACE[2] et l’EASO[3] est « maladie chronique basée sur l’adiposité » (« Adiposity-Based Chronic Disease », ou ABCD).

  • … pour arriver à un codage cliniquement plus pertinent

Les chercheurs proposent également un nouveau système de codage de la maladie, le système ABCD, s’inspirant d’une proposition de l’EASO. Ce système comporte quatre domaines (Figure) :

  • Les codes du domaine A décrivent la physiopathologie de la maladie (A.1 = sans cause identifiable ; A.2 = cause génétique, A.3 = autres causes (endocrine, médicamenteuse…) ; des codes supplémentaires AF identifient les facteurs aggravants) ;
  • Les codes B indiquent la classification du sujet selon son IMC(classes I, II ou III, adaptées selon l’origine ethnique et l’âge) ;
  • Les codes C spécifient les complications relevées (C.1 = sans complications, C.2 = complications biomécaniques, C.3 = cardio-métaboliques, C.4 = hormonales/fertilité…) ;
  • Les codes D décrivent le degré de gravité des complications(légères à modérées, sévères).

Figure : Structure du système de codage ABCD proposé pour mieux décrire l’obésité

  • … et à une meilleure prise en charge

Selon les auteurs, en prenant en compte le profil clinique de chaque patient, ce codage reflète mieux la réalité de la pathologie, notamment la diversité de ses facteurs étiologiques et de ses manifestations cliniques, et oriente vers un traitement plus adapté. De plus, il propose aux soignants un guide de bonnes pratiques pour une approche médicale personnalisée, un meilleur accès aux soins et un cadre précis pour leur remboursement.

[1] La classification internationale des maladies, établie par l’OMS, sert de base pour établir les tendances et les statistiques sanitaires, partout dans le monde, et contient environ 55 000 codes uniques pour les traumatismes, les maladies et les causes de décès.
[2] American Association of Clinical Endocrinologists
[3] European Association for the Study of Obesity

Brèves Nutrition n°80

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A retenir
  • L’obésité nécessite encore d’être reconnue en tant que pathologie ;

  • Des chercheurs proposent de la définir comme une « maladie chronique basée sur l’adiposité » pour mieux incarner la physiopathologie de cette maladie ;

  • Ils ont établi un nouveau système de codage reflétant la complexité de la maladie et son impact clinique dans l’objectif d’une meilleure prise en charge.

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