Manger en réponse au stress est-il déterminé par l’amplitude de la sécrétion du cortisol ?

Manger en réponse au stress est-il déterminé par l’amplitude de la sécrétion du cortisol ?

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Pourquoi certaines personnes compensent-elles un stress par l’ingestion de nourriture alors que d’autres non ? Est-ce lié à leur sécrétion de cortisol, aussi appelé hormone du stress ?

 

Comparer les sujets « très réactifs » aux « peu réactifs » au stress

Face aux résultats divergents de précédentes études quant au changement de comportement alimentaire – ou non – face au stress, des chercheurs ont souhaité explorer ce qui pouvait différencier les sujets qui compensent un stress par de la nourriture de ceux qui ne le font pas. Privilégiant la piste hormonale, ils ont exploré l’effet d’un stress (réponse à un problème arithmétique difficile devant un jury) sur les consommations alimentaires de 36 sujets obèses et de 36 sujets de poids normal, classés soit comme « peu réactifs » au stress (sécrétion de cortisol de faible amplitude) soit comme « très réactifs » au stress (sécrétion de cortisol de forte amplitude). Des dosages de cortisol salivaire étaient réalisés neuf fois dans la journée pour suivre leur évolution. Des questionnaires évaluaient par ailleurs leur état psychologique.

 

Des sujets obèses plus sensibles au stress

Première découverte de l’étude : le fait d’être plus ou moins réactif au stress impacte le comportement alimentaire, mais ce seulement chez les sujets obèses. Conformément aux hypothèses des auteurs, les sujets obèses « très réactifs » au stress – ceux dont la sécrétion de cortisol en réponse au stress était élevée – consommaient davantage d’aliments à la suite d’un stress imposé que les « peu réactifs » (faible sécrétion de cortisol). Cependant, ce n’était pas le cas chez les sujets de poids normal (même consommation alimentaire quelle que soit l’intensité de réactivité au stress).

Un cortisol de base plus élevé chez ceux qui réagissent plus au stress

Les dosages de cortisol salivaire apportaient des explications à ce phénomène. Les sujets obèses « très réactifs » au stress avait ainsi un cortisol basal plus élevé par rapport aux « peu réactifs ». A contrario, chez les sujets de poids normal, les dosages de cortisol basal étaient les mêmes qu’ils soient peu ou très réactifs au stress.

 

Une gestion plus difficile des émotions

Du point de vue psychologique, les sujets obèses se sentaient globalement plus stressés au quotidien que les sujets de poids normal. De plus, les sujets obèses « très réactifs » au stress géraient plus difficilement leurs émotions à la suite d’un stress que les « peu réactifs », comme l’indiquait leur faible score de réévaluation cognitive (processus permettant de changer sa façon de considérer une situation émotionnelle).

 

Le cortisol au centre de nombreuses fonctions

Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses pour expliquer le rôle du cortisol dans la surconsommation alimentaire en réponse au stress chez certains sujets obèses. Notamment, l’altération de la boucle de régulation de l’axe hypothalamus-hypophyse-glandes surrénales (à laquelle le cortisol participe), rapportée chez le sujet obèse, pourrait provoquer une défaillance de la régulation énergétique et du comportement alimentaire ; le cortisol pourrait aussi modifier l’effet de plusieurs hormones régulant l’appétit (neuropeptide Y, leptine, ghréline).


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Brèves nutrition n°79

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A retenir
  • Les sujets obèses très réactifs au stress (sécrétion de cortisol de forte ampleur), sont plus à risque de compenser leur stress par une prise alimentaire.

  • Leur niveau de cortisol basal, plus élevé que celui des sujets obèses peu réactifs au stress, pourrait être impliqué dans ce phénomène.

  • Une sécrétion de cortisol en réponse au stress de grande amplitude pourrait ainsi être un marqueur de vulnérabilité à la surconsommation alimentaire en période de stress.

Sources
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