Diabète gestationnel : l’index glycémique doit-il être intégré aux recommandations ?

Diabète gestationnel l’index glycémique doit-il être intégré aux recommandations ?

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Faut-il prendre en compte l’index[1] et la charge[2] glycémiques (IG et CG) des aliments afin d’élaborer un régime destiné aux femmes enceintes présentant un diabète gestationnel ? Des chercheurs russes ont tenté de répondre à cette question.

Un algorithme pour anticiper la réponse glycémique

L’objectif de cette étude était de tester si l’ajout de l’IG et de la CG des aliments permettait d’améliorer la précision d’un modèle de prévision de la réponse glycémique, en vue d’optimiser la prise en charge du diabète gestationnel. Pour cela, les chercheurs ont développé un algorithme prenant en compte la composition des aliments consommés par des femmes enceintes ainsi que leurs paramètres individuels. Ils y ont ajouté l’IG des aliments (IG issus de la base de données de l’Université de Sydney lorsqu’ils étaient renseignés pour l’aliment considéré, estimés ou calculés sinon).

La réponse glycémique des femmes enceintes (90 femmes avec diabète gestationnel et 34 femmes sans), mesurée en continue (durant 4 à 7 jours entre la 19ème et la 36ème semaine de grossesse) était ensuite comparée au modèle prédictif.

Intégrer l’index glycémique au modèle de prédiction a un effet modeste

De façon inattendue, la prévision de la réponse glycémique post-prandiale n’était que très légèrement améliorée par l’ajout de l’IG à l’algorithme. Plus précisément, l’IG et donc la CG n’étaient prédictifs de la réponse glycémique postprandiale que chez 48,2 % des femmes enceintes. Chez les autres, c’est la quantité de glucides consommés qui prédisait le mieux la réponse glycémique.

Quelles hypothèses avancées par les auteurs pour expliquer l’effet modeste observé ? D’abord les grandes variabilités intra- et inter-patients dans la réponse glycémique à un même aliment. En outre, l’utilisation d’IG provenant de bases internationales ne permet pas de tenir compte des variations entre les pays ; sans compter que ces IG sont issus de tests réalisés chez des sujets en bonne santé et non chez des femmes enceintes, et encore moins avec diabète gestationnel.

Un modèle de prédiction à améliorer

Si les auteurs ne remettent pas en cause les bénéfices d’une alimentation à faible IG sur certains paramètres de santé, ils observent que l’ajout de l’IG/CG n’améliore pas de manière systématique la prédiction de la réponse glycémique des femmes enceintes. Les auteurs concluent que pour élaborer un régime personnalisé, des algorithmes intégrant davantage de paramètres individuels seront nécessaires, parmi lesquels ils citent l’activité physique, le sommeil, la génétique et le microbiote intestinal.

 

[1] Indice propre à un aliment et qui indique sa capacité à élever la glycémie.

[2] Index glycémique multiplié par la quantité de glucides de la portion ingérée.

breves-nutrition-79

Brèves nutrition n°79

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A retenir
  • L’incorporation de l’index glycémique ou de la charge glycémique à des modèles prédictifs n’améliore que légèrement la prédiction de la réponse glycémique chez la femme enceinte.

  • Prescrire un régime individualisé à une femme enceinte avec diabète gestationnel en se basant sur l’index glycémique des aliments n’apportera donc que très peu de valeur ajoutée par rapport à la prise en compte des quantités de glucides consommées.

  • La grande variabilité intra- et inter-individuelle de réponses et l’utilisation de bases internationales peuvent expliquer en partie la faiblesse des résultats dans cette population spécifique.

Sources
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