Limiter les tailles des portions pour modifier notre vision d’une portion « normale »

Limiter les

tailles des portions pour modifier notre vision d’une portion "normale"

Taille des portions

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En influençant notre vision d’une portion « normale », est-il possible de modifier la taille des portions que l’on choisit ? Des chercheurs se sont penchés sur la question à travers deux études menées au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, auprès de 329 (étude 1) et 132 (étude 2) participants.

Plusieurs types de normes

Dans la première étude, les sujets étaient exposés à des images d’une petite ou d’une grande portion de lasagnes (180 g versus 540 g). Suite à ce conditionnement, le lendemain, ils devaient indiquer la taille de portion de lasagnes qui leur paraîtrait idéale pour déjeuner. Les sujets étaient ensuite interrogés sur leurs perceptions de la normalité des tailles de portions, et en particulier sur la taille de portion 1) qu’ils pensent que les autres choisissent (norme sociale descriptive) ; 2) qu’ils pensent que les autres considèrent normale (norme sociale injonctive) ; 3) qu’eux-mêmes considèrent normale (norme personnelle). Enfin, il était aussi demandé aux sujets d’indiquer la taille de portion qui les rassasierait.

Pas d’effet des images de portions

L’exposition du premier jour se révélait sans effet ni sur la taille de portion sélectionnée le lendemain pour un déjeuner hypothétique, ni sur les normes perçues de taille de portion. L’hypothèse des chercheurs pour expliquer cette absence d’effets ? La seule exposition visuelle à des images de tailles de portions pourrait être insuffisante pour modifier les intentions de consommation et les perceptions des normes.

Les normes sociales et les quantités consommées réduites avec les petites portions

Devant ces résultats, les chercheurs ont mis sur pied une seconde étude testant un stimulus plus fort et concret : cette fois, le premier jour, plutôt que d’être seulement exposés à des images, les participants recevaient une portion de lasagnes plus ou moins grande (180 g versus 540 g ; voir figure). Le lendemain, on les laissait se servir devant un plat de lasagnes familial.

Portions lasagneFigure : Portions de lasagnes proposées aux participants de la seconde étude

(a) et (b) : petite (180 g) et grande (540 g) portions servies le premier jour ;

(c) : plat familial (978 g) proposé le deuxième jour

Résultats ? Les participants à qui on avait servi une petite portion de lasagnes la veille choisissaient et consommaient une portion plus petite le lendemain, par rapport à ceux qui avaient été exposés à la grande portion de lasagnes le premier jour. Cet effet était associé à des différences de normes sociales (descriptive et injonctive) relatives aux tailles de portion entre les deux groupes : les participants exposés à la petite portion de lasagnes le premier jour sous-estimaient la taille de portion qu’ils pensaient que les autres choisiraient ou considèreraient normale par rapport aux participants ayant reçu la grande portion de lasagne. En revanche, et contrairement aux attentes des chercheurs, les normes personnelles des participants des deux groupes (c’est-à-dire ce qu’eux-mêmes considèrent comme une portion normale) demeuraient identiques, tout comme la taille de portion qu’ils considéraient comme rassasiante.

Un nouvel argument en faveur de tailles de portions réduites ?

Ces résultats invitent à considérer une diminution des tailles des portions auxquelles les consommateurs sont exposés dans le commerce ou la restauration : en plus de limiter les quantités disponibles à la consommation, cela pourrait inciter à réduire sa consommation en modifiant les normes sociales perçues. Les auteurs n’excluent pas que les normes personnelles puissent peser davantage dans d’autres contextes moins « sociaux », comme lors des repas pris à la maison.


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Brèves nutrition n°79

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A retenir
  • Exposés à une petite portion de lasagnes (versus grande) servie la veille, des consommateurs réduisent d’eux-mêmes la part servie et consommée le lendemain.

  • Cette réduction est associée à des normes sociales (descriptive et injonctive) de ce qu’est une portion normale revues à la baisse, alors que la norme personnelle n’est pas modifiée.

Sources
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